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Chapitre I Les attributs de l’Imam

Chapitre I
Les attributs de l’Imam

Sur le mot "Imamat"

L'Imamat (arabe : إِمامة [imāma], Imamat) signifie la guidance, et l'Imam est une personne dont la pensée et la conduite sont suivies par le peuple soit pieux et juste soit malveillant et de mauvaise intention. Le guide des gens vertueux est appelé l'Imam, et il en va de même avec celui des personnes malveillantes et égarées. Les deux concepts figurent aussi dans le Coran.

Le Coran dit:

وَجَعَلْنا مِنْهُمْ أَئِمَّةً یَهْدُونَ بِأَمْرِنا لَمّا صَبَرُوا وَکانُوا بِآیاتِنا یُوقِنُونَ

«Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu’ils enduraient et croyaient fermement en Nos versets. »[5]

Et il dit à propos de mauvais guides:

وَجَعَلْناهُمْ أَئِمَّةً یَدْعُونَ إِلَى‏‌ النّارِ وَیَوْمَ القِیامِةِ لا یُنْصَرُونَ

« Nous fîmes d’eux des dirigeants qui appellent les gens au Feu. Et au Jour de la Résurrection ils ne seront pas secourus. »[6]
La définition et la position de l'Imamat

L'Imamat est une des croyances islamiques fondamentales, et les musulmans en parlaient fréquemment depuis le début de l'Islam. Il a divisé la communauté musulmane (Ummat) en deux groupes: les Sunnites et les Chiites ayant chacun ses propres définitions et commentaires de l'Imamat. Abd al-Rahman Lahidji, l'un des savants sunnites, définit l'Imamat comme suit:

« Pour nous, l'Imamat ne fait pas partie des idéologies et des fondements de la religion: il en est une branche qui traite des devoirs des musulmans arrivés à l'age de puberté (mukallaf), à l'encontre des Chiites qui le classifient parmi les fondements de la religion. Un groupe a défini l’Imamat comme le mandat et la tutelle des affaires religieuses et mondaines, mais il vaut mieux le définir de cette façon: le califat du Prophète (P) pour établir la religion et protéger les musulmans, de manière que tous les musulmans lui obéissent. »[7]

Comme on peut le constater, les Sunnites regardent l'Imamat comme un mandat et une autorité mondaine, et une branche de la religion. Ils estiment que l'obligation d'élire un Imam est une question jurisprudentielle et que l'élection de ce dernier sera la charge de la communauté musulmane. Par contre, les Chiites considèrent que l'Imamat est un fondement de la religion, au deuxième rang de la Prophétie, et ainsi le définissent-ils: « La succession et le califat de l'Envoyé de Dieu (P) comprenant tous les aspects de la Prophétie sauf la relation avec le Monde Invisible (ghayb) et la Révélation qui sont deux qualités spécifiques au Prophète. »
Les positions du Prophète (P)

Les livres théologiques démontrent que le Prophète (Paix sur lui et sa famille) de son vivant avait plusieurs positions et rangs :

1.      La communication avec le Monde Invisible et la réception de la Révélation de la part de Dieu Très-Haut ;

2.      La conservation et le maintien de l’ensemble des sciences, des connaissances, des prescriptions et des lois de la Charia qu’il recevait grâce à la Révélation ;

3.      La propagation de ces derniers parmi le gens et la réponse à leurs questions en luttant contre les superstitions ;

4.      L’exécution des dispositions et lois d’ordre politique, social, juridique, économique, légal et pénal, et la défense du domaine de l’Islam et des musulmans, à savoir l’établissement du gouvernement islamique et sa gestion.

Ces devoirs étaient accomplis par le Prophète (P), et il était à l’abri de toute erreur ou tout oubli dans toutes les étapes de la propagation de la Charia: il était infaillible et ne commettait jamais aucun péché ni aucune infraction. En fait, si le Prophète (P) n’était pas infaillible, les prescriptions et lois de la Charia n’auraient été garanties suffisamment ; par conséquence, les grâces divines n’auraient jamais été parachevées. »[8]

La même expression se trouve dans les idéologies des Chiites au sujet de l’Imamat et ils disent : « L’homme a besoin des prescriptions, des lois, des sciences et des connaissances divines et aussi d’un prophète pour arriver à la félicité dans ce monde et dans l’Autre-monde ; pour la même raison, dans l’absence du prophète et au cours de l’histoire, il aura besoin d’une personne infaillible qui assume les responsabilités prophétiques et poursuive les objectifs du prophète; sinon, la mission prophétique dans la conduite et l’orientation de l’homme serait stérile et incomplète. La nécessité pour l’homme des sciences et connaissances religieuses ne se limitait pas seulement à l’époque de son prophète, mais l’homme avait tout le temps besoin de cette grâce divine tout au long de l’histoire. La courte durée de la mission du noble Prophète de l’Islam (P) ne suffit pas à satisfaire à ce besoin éternel ; surtout, étant donné que le Prophète (P) était le Sceau des Prophètes et qu’il n’y aurait aucun prophète après lui.

Pour les Chiites, l’Imam est un homme parfait et privilégié qui remplace le Prophète  et assume toutes ses responsabilités sauf la Révélation.
Les responsabilités de l’Imam

Les attributs et les responsabilités de l'Imam comprennent les suivants :

1.      Il connaît toutes sciences, connaissances, prescriptions et lois de la Charia, non par la Révélation mais par l’enseignement du Prophète (P) et d’autres sources qui seront bientôt indiquées ;

2.      Il s’efforce de propager les sciences, connaissances, prescriptions et lois de l’Islam et de lutter contre toute déviation.

3.      Il exécute les dispositions et lois islamiques d’ordre politique, social, juridique, légal, pénal et économique ; à savoir, il continue à gérer le gouvernement islamique fondé par le Prophète (P) selon les critères de l’Islam ;

4.      L’Imam comme le Prophète est tout à fait à l’abri de toute erreur, tout oubli et toute infraction intentionnelle dans l’exercice de ces responsabilités, et il est infaillible ; autrement, l’intention de Dieu Très-Haut dans l’orientation et la conduite des hommes, la présentation du Droit Chemin et l’assurance de la félicité dans ce monde et dans l’Autre resterait stérile et incomplète et, de plus, les grâces divines ne seraient parachevées. Pour ce qui est de la nécessité de la présence de l’Imam, ses connaissances et son infaillibilité, et son élection par le Très-Haut, les Chiites s’appuient sur la preuve réputée « la grâce divine » ; d’où ils considèrent la présence de l’Imam et son élection par Dieu comme une grâce divine.

‘Allamah Hillî écrit :

«L’existence de l’Imam est une grâce divine, et sa désignation par Dieu est obligatoire pour que son intention devienne claire ![9]

Les Imâmites croient à ce que l’Imam est un homme privilégié qui excelle sur ses contemporains concernant l’idéologie et la foi, l’engagement envers les nobles vertus morales, la connaissance correcte de vrais préceptes et lois islamiques, la dévotion et la mise en œuvre des devoirs religieux. Pour eux, l’Imam suit immédiatement le Prophète. Comme celui-ci, il est à l’abri du péché, de l’oubli et de l’infraction, et il est infaillible. Un tel homme est le successeur du Prophète et le guide du peuple. Les Sunnites, toutefois, n’estiment pas que l’Imam doit remplir ces conditions pour devenir successeur du Prophète. Ils estiment aussi que l’Imam est sujet à l’erreur voire au vice.

A ce propos, ils se contentent en lui accordant la compétence de diriger les affaires d’Ici-bas.

En même temps, ils jugent obligatoire son obéissance et illicite ou harâm son désobéissance par le peuple.
L’Imam dans les hadiths

Il y a énormément de hadiths pour définir et décrire l’Imam et l’Imamat dont l’un est évoqué ci-dessous :

L'Imam Redhâ (p) a dit: « L’Imamat est une dignité spécifique aux prophètes et à leurs successeurs. Il est le califat de Dieu et du Messager, de l’Emir des Croyants (‘Ali), de Hassan et de Hussein. L’Imamat, c'est-à-dire la direction religieuse des musulmans, le bien-être du monde et la gloire des fidèles. Il est le fondement de l’Islam croissant et ses branches. L’Imam gère les choses relatives à la Prière (salât), l’aumône rituelle (zakât), le jeûne, le pèlerinage, le djihad, le développement des biens publics, les aumônes volontaires, l’application des prescriptions et des peines prévues par la Charia, et la protection des frontières des pays musulmans.

L’Imam est le confident de Dieu parmi le peuple, la preuve de Dieu pour Ses serviteurs, le calife de Dieu dans les pays islamiques, appelant le peuple à Dieu et défendant le sanctuaire inviolable de Dieu. L’Imam est pur de tout péché et de tout vice, il est le gardien de la science, de la patience, du système religieux et de la gloire des musulmans, il cause le chagrin et la colère parmi les hypocrites, et il anéantit les infidèles. L’Imam est unique à son époque et personne n’est égal à lui dans le rang. Aucun savant n’est égal à lui quant à la science. Personne ne peut le remplacer et personne ne lui ressemble. Les vertus et perfections de l’Imam ne sont pas acquises, mais c’est une grâce qui lui a été accordée par Dieu. »[10]
Les caractéristiques de l'Imam

Comme vous l’avez lu, l’Imam Redhâ (paix sur lui) est présenté dans ce hadith comme une personne privilégiée avec les caractéristiques suivantes : 

1.      Il est tout à fait à l’abri du péché ; c'est-à-dire, il est infaillible ;

2.      Il est doté des sciences et connaissances qui ne sont pas acquises, mais lui ont été transmises par Dieu ;

3.      Il se patiente quand en parlant avec les gens et réalisant ses responsabilités ;

4.      Sa position est celle des prophètes ;

5.      Il est le calife de Dieu et le successeur de l’Envoyé de Dieu (P);

6.      Sa gouvernance garantit l’ordre des musulmans, le bien-être du monde et la gloire des fidèles ;

7.      Avec lui comme gouvernant, les commandements de Dieu et les lois de l’Islam seront menés à bien, la prière, le jeûne, le pèlerinage, l’aumône rituelle et le djihad seront mis en œuvre, les peines fixées par Dieu seront exécutées, et les frontières des pays islamiques seront protégées contre les ennemis ;

8.      L’Imamat est le fondement et la base solide de l’Islam dont les branches s’étendent jour après jour dans le monde;

9.      L’Imam est le confident de Dieu sur la terre et la Preuve (hujjat) de Dieu pour Ses serviteurs ; il invite le peuple à Dieu et défend les limites des commandements divins ;

10.  L’Imam est unique dans son temps ; personne n’arrive à son rang ; et personne ne lui ressemble ;

11.  L’Imam est la source de l’honneur et de la fierté des musulmans, qui irrite les hypocrites et anéantit les infidèles.
La nécessité d’obéir à l’Imam

Le noble Coran considère l’obéissance aux Imams infaillibles comme l’obéissance à  Dieu et à Son Messager, et il l’a jugée obligatoire :

یا أَیُّها الَّذِینَ آمَنُوا أَطِیعُوا اللَّهَ وَأَطیعُوا الرَّسُولَ وَأُولِى‏‌ الأمْرِ مِنْکُمْ فَإِنْ تَنازَعْتُمْ فِى‏‌ شَى‏‌ءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى‏‌ اللَّهِ وَالرَّسُولِ إِنْ کُنْتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ وَالیَوْمِ الآخِرِ ذ لِکَ خَیْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِیلًا

« Ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement). »[11]

Dans ce verset, l’obéissance à trois personnes est obligatoire aux fidèles :

1.      Dieu Très-Haut : Puisqu’Il est le Créateur des hommes et les a accordé plusieurs types de bienfaits, il est donc rationnel de remercier le Bienfaiteur.

L’un de plus importants bienfaits divins, c’est l’envoi des Messagers et les directions divines.

Les grâces divines signifient que pour aider les hommes à arriver au bonheur dans ce monde et dans l’Autre, Dieu a réglé des directions et des plans, lesquels Il a transmis à Ses Messagers élus pour conduire les hommes vers le droit chemin de l’humanité et la proximité de Dieu, d’une part, et les éloigner des perversités et des calamités. Alors, obéir aux Messagers et observer les commandements de Dieu, c’est un bien que les serviteurs de Dieu font à eux-mêmes, et il est rationnellement obligatoire.

2.      Messager : Le Messager de Dieu (P) est la deuxième personne dont l’obéissance a été jugée obligatoire dans ledit verset. A part des messages qu’il recevait par la Révélation afin de les transmettre au peuple, le Messager (P) était aussi autorisé par Dieu d’établir des préceptes dans deux cas : Premièrement, il avait droit à établir la jurisprudence islamique en plusieurs domaines pour les fidèles dans la limite des messages généraux qu’il recevait par la Révélation. Deuxièmement, étant donné que le noble Prophète (P) était le gouvernant et le guide des musulmans, ayant comme devoir de régler les problèmes social et politique du peuple, il avait aussi droit à établir et exécuter des lois aux cas où il n’y avait encore aucun commandement divin sur un cas particulier ; et cela en observant les intérêts de la communauté musulmane et dans la limite des prescriptions générales qu’il avait à transmettre. Ces lois que le Messager de Dieu (P) a établies sont dites « des statuts gouvernementaux » selon l’expression.

D’après ce verset, obéir au Messager (P) est aussi obligatoire dans ce cas ; alors, nous pouvons nous appuyer sur ce verset pour démontrer l’infaillibilité du Messager (P): Si celui-ci n’était infaillible, l’obligation de son obéissance absolue ne serait point justifiable.

3.      Détenteurs de l’autorité divine (Ulu-l-Amr) : Bien que ceux-ci comportaient apparemment tous les souverains et gouvernants, cependant, puisque il est absolument obligatoire, selon le verset, de les obéir, il faut que ces gouvernants soient infaillibles : Il est injustifiable, légalement et rationnellement, d’obéir à celui qui n’est pas infaillible. Il est donc à noter que par les détenteurs de l’autorité divine (Ulu-l-Amr), nous devons entendre les successeurs du Messager (P) ou bien les Imams infaillibles (p) qui guident la communauté musulmane et prennent les rênes du gouvernement islamique. Ils ont été aussi présentés comme les Gens de la Demeure prophétique dans les commentaires de certains hadiths.

Hussein ibn Abi al-‘Ala a dit : « J’ai demandé à l’Imam Sâdiq  (p) : ‘Est-il obligatoire d’obéir aux Héritiers (testamentaires) de l’Envoyé de Dieu ?’ »

Et il a répondu : « Oui, ce sont des gens à propos desquels Dieu, qu’Il soit honoré et glorifié, a dit :

أَطِیعُوا اللَّهَ وَأَطیعُوا الرَّسُولَ وَأُولِى‏‌ الأمْرِ مِنْکُمْ

»… Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement… »

Et ils sont ceux au sujet desquels Il a dit :

إِنَّما وَلِیُّکُمُ اللَّهُ وَرَسُولُهُ وَالَّذِینَ آمَنُوا الَّذِینَ یُقِیمُونَ الصَّلاةَ وَیُؤْتُونَ الزَّکاةَ وَهُمْ راکِعُونَ

« Vous n’avez d’autres alliés qu’Allah, Son messager, et les croyants qui accomplissent la Salāt, s’acquittent de la Zakāt, et s’inclinent (devant Allah). »[12]

Donc, les Imams infaillibles étaient les porteurs des sciences de la Prophétie, essayant de les propager. En plus, ils étaient autorisés par le Messager (P) d’établir et d’exécuter des lois nécessaires lorsqu’il n’y avait aucun texte sur un sujet particulier, et cela selon les critères généraux qui leur étaient transmis par le Messager (P), tout en observant les intérêts des musulmans et les circonstances. Ces lois s’appellent aussi « les statuts gouvernementaux » selon l’expression.
La connaissance de l’Imam selon la raison

L’enseignement et la purification des hommes étaient le but le plus important du saint Prophète (P). En plus de réciter et enseigner le Coran, il interprétait les versets coraniques et clarifiait les ambiguïtés dans les cas nécessaires, faisant allusion aux (versets ou hadiths) abrogateurs et abrogés, conditionnés et inconditionnés.

Il recevait les préceptes et lois de la Charia par la Révélation et les transmettait au peuple. Il propageait les croyances justes et luttait contre les fausses croyances et les superstitions. Il invitait le peuple aux nobles vertus morales et les avertissait de la mauvaise conduite. Il avait une connaissance parfaite de toutes les sciences soit par la Révélation soit intellectuellement ; d’où il était tout à fait en mesure d’assumer cette responsabilité et conduire ses disciples au droit chemin de l’humanité.

En qualité de continuateur de la voie du Prophète et de ses objectifs, l’Imam aussi doit remplir toutes ces conditions pour qu’il puisse exécuter les responsabilités prophétiques ; sinon, la continuation de la religion ne serait point garantie. Oui, l’Imam doit avoir toutes les sciences et connaissances du Prophète ; avec cette différence que ces connaissances étaient directement transmises au Prophète par la Révélation, tandis que l’Imam profitait de celles qui lui étaient conférées par le Prophète ; autrement dit, l’Imam se dotait de la Révélation de manière indirecte.
La connaissance de l’Imam dans les hadiths

La conscience par l’Imam des sciences et des préceptes de la Charia a été considérée dans un grand nombre de hadiths comme l’une des conditions requises de l’Imam ; par exemple, l’Imam Redhâ (p) a dit : « Certes, les Prophètes et les Imams se profitent tous des assistances divines et renferment un trésor de sagesses et de connaissances divines ; personne d’autre n’est doté de tels dons ; donc, ils excellent dans leurs connaissances par rapport au peuple de leur temps ; comme il est dit dans le Coran :

أَفَمَنْ یَهْدِى‏‌ إِلَى‏‌ الْحَقِّ أَحَقُّ أَنْ یَتَّبَعَ أَمَّنْ لا یَهِدِّى‏‌ إِلّا أَنْ یُهْدى‏‌ فَما لَکُمْ کَیْفَ تَحْکُمُونَ

« Celui qui guide vers la vérité est-il plus digne d’être suivi, ou bien celui qui ne se dirige qu’autant qu’il est lui-même dirigé? Qu’avez-vous donc? Comment jugez-vous ainsi?»[13]

Ou encore :

وَمَنْ یُؤْتَ الحِکْمَةَ فَقَدْ أُوتِىَ خَیْراً کَثِیراً

« Et celui à qui la sagesse est donnée, vraiment, c’est un bien immense qui lui est donné. »[14]

Lorsque Dieu élit Son serviteur à gérer les affaires de Ses autres serviteurs, Il lui accorde le « dilatement du cœur » (la tolérance), fait couler les sources de la sagesse dans son cœur, et lui inspire Ses connaissances sans cesse ; donc, il n’est pas incapable de répondre et il ne devient jamais confus quand il s’agit de trouver le vrai.[15]

L’Emir des Croyants, ‘Ali (p), a dit : « Ô gens, l’homme le plus digne du califat est celui qui est le plus apte à l’exercer et le plus versé dans les ordres de Dieu concernant le gouvernement des hommes. Si un perturbateur de l’ordre public surgit, on lui rappelle son devoir de suivre le droit chemin ; s’il refuse, il sera combattu. ».[16]

Il a aussi  dit: « L’Imam est le plus savant quant aux licite (halâl), illicite (harâm), actes obligatoires (vâdjibât) et recommandés (mustahabbât), et aux commandements divins. Il n’a pas besoin du peuple, mais celui-ci a besoin de lui. »[17]

L’Imam ‘Ali (p) a également dit : «Adressez-vous donc à ceux qui connaissent bien le Livre, car ils sont les nourritures de la science et les ennemis de l’ignorance. Ce sont eux dont le bon jugement révèle leur savoir, et leurs apparences décèlent leurs bonnes intentions. Ils ne contredisent pas la religion et ne passent pas ses loi.».[18]

En décrivant la Famille du noble Prophète (P), il a dit : «Ils ont compris la religion comme étant l’application objective de préceptes dans la vie de chaque jour et non comme une théorie qu’on entend et dont on parle. En effet, ceux qui relatent la science sont nombreux, mais ceux qui l’appliquent sont rares. »[19]
L’accomplissement de la Prophétie  et la perfection de la religion

Comme il est expressément dit dans le Coran : Le Prophète de l’Islam (P) est le Sceau des Prophètes qui est suivi d’aucun autre prophète après lui. Le Coran dit :

ما کانَ مُحَمَّدٌ أَبا أَحَدٍ مِنْ رِجالِکُمْ وَلکِنْ رَسُولَ اللَّهِ وَخاتَمَ النَّبِیِّینَ وَکانَ اللَّهُ بِکُلِّ شَى‏‌ءٍ عَلِیما

« Muhammad n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais le Messager de Dieu et le dernier des prophètes. Allah est Omniscient. »[20]

L’accomplissement de la Prophétie est une nécessité en Islam accordée unanimement par la communauté musulmane. Donc, l’Islam est une religion éternelle qui satisfera, toujours et partout, aux besoins religieux de l’homme. De l’autre côté, puisque Muhammad (P) est le Sceau des Prophètes, la Révélation serait certainement discontinuée, comme il est stipulé dans le livre de La Voie de l’Eloquence (Nahj-ul-Balagah) et dans certains hadiths.

L’Emir des croyants (p) a dit : « Dieu a envoyé le Prophète (P) avant d’autres prophètes, lorsque les hommes se querellaient au sujet de Dieu. Il était le dernier des envoyés, par qui la Révélation fut complétée. »[21]

Par conséquent, toutes les prescriptions et lois de la Charia doivent être mises à la disposition du peuple et la religion doit être parachevée après la disparition du noble Prophète de l’Islam (P) ; comme il est aussi indiqué dans le Coran.

Le Coran dit :

الْیَوْمَ یَئِسَ الَّذِینَ کَفَرُوا مِنْ دِینِکُمْ فَلا تَخْشَوْهُمْ وَاخْشَوْنِ الیَوْمَ أَکْمَلْتُ لَکُمْ دِینَکُمْ وَأَتْمَمْتُ عَلَیْکُمْ نِعْمَتِى‏‌ وَرَضِیتُ لَکُمُ الإِسْلامَ دِیناً

«Aujourd’hui, les mécréants désespèrent (de vous détourner) de votre religion: ne les craignez donc pas et craignez-Moi. Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. »[22]

Il y a un différend entre les exégètes du Coran à propos du jour indiqué dans le verset ci-dessus où l’Islam est parachevé et établi, de manière que les mécréants soient désespérés de sa disparition. Après des discussions précises et détaillées et s’appuyant sur certains hadiths, ‘Allamah Tabâtabâi a conclu que ce jour est le dix-huitième jour du mois de Dhoul-Hijja lors du Pèlerinage d’Adieu du noble Prophète (P).[23] Comme nous le savons des hadiths et des livres d’histoire, le Prophète (P) dans ce jour et de retour du pèlerinage de la Mecque a rassemblé les pèlerins dans une région appelé « Ghadîr » ; après le sermon, il a officiellement élu ‘Ali ibn Abi Taleb (p) à l’Imamat ; il dit dans un hadith détaillé :

« De quiconque je suis le Maître, 'Ali aussi est son Maître. Ô Seigneur ! Sois l'Ami de quiconque est son ami, et l'Ennemi de quiconque est son ennemi. »

L’Envoyé de Dieu (P) a accompli deux choses dans cet important événement historique : Premièrement, il a présenté le Coran et sa Famille (Ahlulbayt) comme deux références scientifiques authentiques et dit : « Celui qui suit ces deux documents ne sera pas égaré. » Deuxièmement, il a présenté ‘Ali (p) comme le premier Imam et la première personne de sa Famille. Etant donné que le noble Prophète (P) a présenté ‘Ali (p) comme le trésorier des sciences de la Prophétie, ayant déployé des efforts suffisants pour son enseignement et instruction, son installation à l’Imamat et à la tutelle de la communauté musulmane a fini par parachever l’Islam ; ainsi, il y a eu quelqu’un (‘Ali ) pour garantir la garde et la mise en œuvre des  sciences islamiques. Le verset ci-dessus fut révélé dans ces mêmes conditions.

Si ce n’était que le noble Prophète (P) de son vivant a transmis, partiellement ou complètement, l’ensemble des prescriptions et dispositions de la Charia à l’Imam ‘Ali (p) et, par celui-ci, aux autres Imams après lui, comment peut-on justifier la parole de Dieu Très-Haut qui a dit : «Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion. » ? Bien que les prescriptions et lois à la disposition des Sunnites soient indiquées dans le Coran ou dites par le Prophète (P), toutefois, elles ne suffisent pas au peuple du temps du Prophète (P) et celui d’autres temps, d’où les jurisconsultes sunnites ont été obligés à recourir à l’analogie, à la recherche du mieux et à d’autres bases pour déduire les prescriptions de la Loi religieuse.
Les limites de la connaissance de l’Imam

La connaissance de l’Imam se limite aux sciences et connaissances de la Prophétie, l’exécution de la mission prophétique de la part de Dieu et la guidance de l’homme dans le cas nécessaire. D’après la « preuve de la grâce », puisque l’homme ne sait pas assurer son bonheur dans ce monde et dans l’Autre, il aura besoin des guidances divines et des prophètes. Donc, le Prophète reçoit de Dieu tout ce dont le peuple a besoin pour poursuivre la voie de la servitude et le lui transmet ; en tant que successeur du Prophète et continuateur de la voie prophétique, l’Imam aussi doit détenir ces connaissances. Les sciences requises de la mission prophétique et de l’Imamat peuvent être résumées en quelques parties :

1.      Les actes cultuels : Ils jouent le rôle primordial pour assurer le bonheur dans la vie éternelle, y compris : la Prière, le jeûne, le pèlerinage, l’invocation, les aumônes et les charités, le djihad et bref tous les actes religieux obligatoire et recommandé.

Le Prophète et l’Imam sont bien au courant de la qualité d’accomplir les devoirs, les préparatifs et les conditions requis, ainsi que des questions s’y rapportant ; ils peuvent donc bien guider le peuple.

2.      Les interdictions : Elles se considèrent comme des obstacles en chemin, y compris l’usure, le pot-de-vin, la consommation d’alcool, la cruauté envers les serviteurs de Dieu, l’usurpation de biens publics, le commerce frauduleux, les ventes à découvert, la surcharge, l'adultère, la sodomie, et d’autres actes interdits.

Le Prophète et l’Imam sont bien informés de ces choses et peuvent empêcher le peuple de les commettre.

3.      Les doctrines de l’Islam : La connaissance de Dieu et le Retour à l’Autre-monde (ma’âd) constituaient le fondement de l’invitation du Prophète et des Imams. L’attention envers Dieu et le Retour à l’Autre-monde est pour l’homme une chose innée et naturelle qui peuvent être obtenues par la raison et la pensée ; toutefois, puisque cela est une chose non familière et souvent méconnue par l’homme, celui-ci aura donc besoin des guidances des Prophètes et des Imams pour réveiller sa nature innée (fitrat) pour l’aider à connaître cette chose importante et déterminante. Ainsi l’homme n’aura-t-il aucun prétexte. C’est pour la réalisation de ce but que la première personne sur la terre était un Prophète. Alors, le Prophète et l’Imam doivent tout d’abord avoir parfaitement foi en doctrines de l’Islam et connaître les questions s’y rapportant pour qu’ils puissent y inviter le peuple.

4.      Le code moral : Bien se comporter et s’abstenir de mauvais actes jouent le plus grand rôle assistant les hommes à arriver au bonheur de l’Ici-bas et de l’Au-delà. Bien que la beauté de la bonne conduite et la bassesse de la mauvaise conduite sont innées et compréhensibles en réfléchissant, mais puisque l’homme est souvent esclave des désirs sensuels et de forts instincts animaux, il aura ainsi besoin d’un guide pour discerner le bien et le mal et les reconnaître. A cet effet, l’amendement de soi a été considéré comme l’un des piliers de la mission prophétique. Alors le Prophète et les Imams infaillibles doivent connaître parfaitement la bonne et la mauvaise éthique ; eux-mêmes doivent être purs de mauvais caractères et se comporter bien pour qu’ils puissent y inviter le peuple de par leurs pratiques et leurs connaissances ; et qu’ils puissent devenir guides.

5.      Les affaires sociales et politiques : A savoir les prescriptions et lois relatives au gouvernement et à la direction des affaires sociales et politiques des musulmans, y compris : la juridiction, le talion, les peines fixées par le Coran, les prix du sang, les peines correctionnelles non dictées par le Coran, le djihad, la défense, le Khums[24], l’aumône canonique, les butins de guerre, les biens publics, et d’autres affaires identiques. Etant donné que l’une des fonctions du Prophète (P) était de diriger et d’administrer la communauté islamique, une fonction qui nécessite des préceptes et des lois dont il recevait une partie par la Révélation et l’autre partie, avec l’autorisation de Dieu, qu’il établissait et exécutait le cas échéant en observant les intérêts du gouvernement, ceux qui s’appellent « des statuts gouvernementaux » selon l’expression. Ces préceptes étaient nécessaires et observables. Après le décès du Prophète (P), cette fonction était transmise à son successeur et Imam qui, lui aussi, était permis après le Prophète (P) d’établir et de mettre en œuvre certaines lois ou prescriptions dans les bonnes intérêts de la communauté islamique. Par conséquent, l’Imam aussi doit bien connaître toutes les prescriptions concernées.

6.      Les choses conventionnelles : C’est-à-dire les questions concernant la transaction, l’héritage, le testament, le mariage, le divorce et d’autres choses semblables. Bien que ces derniers soient de caractère conventionnel et toujours présents de vivant du Prophète (P), toutefois, vu qu’ils sont ratifiés ou rejetés ou corrigés et complétés par le Prophète (P), ils font partie des préceptes de l’Islam dont la connaissance est une condition requise de l’Imamat. L’Imam aussi a droit, par une forte probabilité, à les manipuler selon les circonstances et en observant les intérêts du peuple.


1. Les hadiths du Prophète (P) : sources de connaissance des Imams (p)

Les hadiths du noble Prophète de l’Islam (P) sont les sources les plus importantes des connaissances des Imams (p), lesquels étaient d’abord confiés à l’Imam ‘Ali (p), enregistrés par celui-ci ; après lui, ils étaient transmis à l’Imam Hassan (p) et ainsi de suite aux autres Imams infaillibles (p).

La compilation de ces hadiths se faisait ainsi : les préceptes et lois de la Charia étaient révélés au Prophète (P) de deux façons durant la mission prophétique en 23 ans : Premièrement, sous forme du Coran dont les sens et les mots se révélaient au cœur lumineux du Prophète (P). Deuxièmement, sous forme de hadiths et de rapports dont les significations se révélaient dans les différents cas au cœur du Prophète (P). Celui-ci récitait les versets du Coran aux musulmans et surtout à l’Imam ‘Ali (p). Il recommandait strictement à ce dernier, capable de lire et d’écrire, de les enregistrer et garder pour qu’ils restent pour les musulmans à l’avenir. Il y avait, certes, d’autres gens qui notaient ou mémorisaient tous les versets coraniques, ou certains autres qui notaient ou mémorisaient une partie des versets.

La situation était autrement quant aux préceptes et lois non coraniques. Bien que l’Envoyé de Dieu (P) exprimait à ses compagnons les préceptes et lois qu’il recevait par voie de Révélation, ils n’étaient pas obligés de noter ou retenir par cœur exactement les mots ou les phrases dits par le Prophète (P), ou de les transmettre aux autres. Soit ils transmettaient leur signification, soit ils passaient avec indifférence devant eux et les oubliaient après un certain temps. Cependant, il y avait parmi les compensons ceux qui étaient tenus d’écrire ou de mémoriser les hadiths du Prophète (P), mais malheureusement, ils étaient très nombreux. L’étendue des questions générales et celles dérivées de la jurisprudence en Islam était très vaste, lesquelles devaient demeurer pour ceux qui étaient en dehors de la Médine et les musulmans à l’avenir. En plus, le peuple de la péninsule arabe qui menait une vie simple n’était pas en mesure de poser bien de questions jurisprudentielles pour que le Prophète (P) y réponde. De l’autre côté, l’Islam est une religion éternelle et omniprésente et il doit satisfaire aux besoins pour assurer le bonheur de l’humanité partout, toujours et quelques soient les conditions.

Bien conscient de la situation actuelle et future de la communauté musulmane, le noble Prophète (P) devait trouver une solution pour satisfaire aux besoins d’intérêt scientifique ; il devait aussi préserver toutes sciences, connaissances, prescriptions et lois de la Charia dans un endroit sûr, pour qu’elles soient à l’abri de l’oubli et de l’erreur. Un tel endroit n’était que le cœur lumineux de ‘Ali ibn Abî Tâlib (p). L’Envoyé de Dieu (P) a procédé à accomplir cette tâche importante jusqu’à la fin de sa vie, et cela grâce aux inspirations et assistances divines du début même de la mission prophétique. Il transmettait à l’Imam ‘Ali (p) ce qui lui était révélé. Et celui-ci s’efforçait de les enregistrer et garder de manière exacte ; lui aussi était doté des assistances divines pour accomplir cette tâche.

L’Imam ‘Ali (p) a dit : « L’Envoyé de Dieu (P) m’embrassa et dit : Dieu Très-Haut m’a commandé de te garder près de moi et de ne te pas permettre de t’éloigner de moi, tu dois donc écouter mes dires et les apprendre par cœur. Le verset suivant a été donc révélé :

…وَتَعِیَها أُذُنٌ واعِیَةٌ

“…que toute oreille fidèle conserve »[25]

Ibn Abbas cite le Prophète (P) qui  a dit : « Lorsque le verset وَتَعِیَها أُذُنٌ واعِیَةٌ m’était révélé, j’ai demandé au Créateur d’autoriser ‘Ali à être cet oreille. Celui-ci, donc, a entendu et retenu par cœur ce que le Prophète lui disait sans les oublier. »[26]

L’Imam ‘Ali (p) a dit : « J’entrais chez le Messager de Dieu (P) régulièrement et une fois par jour, et nous étions tout seuls à ce moment-là. Je l’accompagnait partout où il allait. Les compagnons ne trouvaient un tel comportement par le Messager de Dieu (P) qu’envers moi tout seul. »

« Tantôt, le Prophète (P) venait chez moi, et c’était souvent ainsi… et tantôt je me rendais chez lui. A ce moment-là, il n’y avait chez lui que moi tout seul, et toutes ses épouses sortaient de chez lui. Mais lorsqu’il venait chez nous, Fatima et mes enfants ne sortaient pas de chez nous.

Il me répondait quand je lui demandais une question. Lorsque je n’avais rien à lui demander et gardais le silence, il commençait à parler. Il me récitait les nouveaux versets révélés, lesquels je notais moi-même ; il m’enseignait leur interprétation et commentaire, et m’indiquait les versets « équivoques » (ambigus) et ceux « solides » (fermement établis), les versets abrogateurs et ceux abrogés, les versets particuliers et ceux généraux. Il avait prié Dieu de me donner la capacité de les comprendre et mémoriser, d’où je n’ai oublié aucun verset du Livre de Dieu et aucune science qu’il m’avait dictée. Il m’a enseigné toutes les sciences que Dieu lui avait confiées y compris celles sur le licite et l’illicite, le commandement du bien et l’interdiction du mal, le passé et le futur, l’acte cultuel et l’état de péché, et tout Livre révélé aux autres Prophètes. J’ai retenu toutes ces sciences sans en oublier une lettre. Donc, l’Envoyé de Dieu (P) a mis sa main sur ma poitrine et prié Dieu Très-Haut de remplir mon cœur de la connaissance, la capacité de comprendre, la sagesse et la lumière. J’ai dit : « Ô Messager de Dieu ! Que mes père et mère soient sacrifiés pour vous ! Je n’ai rien oublié depuis que vous avez prié pour moi ; Inquiétez-vous que j’oublie quelque chose ? » Et il a répondu : « No. Je suis sûr que tu es libre de tout oubli et de toute ignorance. »[27] On a demandé à ‘Ali (p) : « Pourquoi le nombre de hadiths que tu sais est plus que celui d’autres compagnons ? »

‘Ali (p) a répondu : « Car lorsque je demandais une question à l’Envoyé de Dieu (P), il me répondait, et lorsque je gardais le silence, il se mettait à parler. »[28]

‘Ali (p) a aussi dit : « Par Dieu ! Il n’y a aucun verset qui soit révélé dont je ne comprends le sens ! Je sais également sur quoi, où et sur qui il a été révélé, parce que mon Créateur m’a accordé un cœur conscient et une langue expressive. »[29]
L’Envoyé de Dieu (P) affirme le savoir-faire scientifique de l’Imam ‘Ali (p)

Doté d’une intelligence et d’un talent extraordinaires, des assistances divines, et l’attention particulière de l’Envoyé de Dieu (P) dans son éducation, l’Imam ‘Ali (p) a pu, durant la mission prophétique qui a duré 23 ans, apprendre et mémoriser l’ensemble des sciences, des préceptes et des lois de la Charia grâce au Prophète (P) ; ainsi était-il devenu le trésorier des sciences de la Prophétie .

Cette vérité a été maintes fois affirmée par le Prophète (P). Par exemple, celui-ci a dit à l’Imam ‘Ali (p): « Ô Abal Hassan ! Tu as bu à la source de la science ; que ça te soit agréable ! »[30]

L’Envoyé de Dieu (P) : « Je suis la cité du savoir, et ‘Ali en est la porte. Quiconque recherche le savoir, qu'il entre donc par la Porte. »[31]

L’Envoyé de Dieu (P) a également dit : « Je suis la maison de la sagesse, et ‘Ali en est la porte. »[32]

Anas ibn Mâlik cite le noble Prophète (P) qui a dit à l’Imam ‘Ali (p): «Tu diras la vérité au cas d’une controverse dans la communauté musulmane après moi. »[33]

Salmân Fârsî cite le noble Prophète (P) qui a dit : « ’Ali   ibn Abi Talib est le plus savant dans ma communauté (Ummat). »[34]
L’ordre de rédaction

Bien que l’Imam ‘Ali (p) était libre de toute erreur et de tout oubli, sans avoir à rédiger les hadiths pour les mémoriser, le noble Prophète de l’Islam (P) lui a ordonné de rédiger dans un livre toutes les connaissances qu’il lui enseignait pour que ce livre reste pour les Imams après lui.

L’Emir des croyants, ‘Ali (p), cite le Messager de Dieu (P) qui lui a dit : « Ecris ce que je te dis. » J’ai demandé : « Ô Messager de Dieu ! Tu crains que je les oublie ? » Et il a répondu :  « Je n’en crains pas, parce que j’ai prié Dieu pour te rendre le gardien da la science ; je veux que tu les écrives pour tes associés, à savoir les Imams de ta progéniture. »[35]
La transmission des livres rédigés à d’autres Imams infaillibles

Avec les efforts continus de l’Imam ‘Ali (p) et la surveillance de l’Envoyé de Dieu (P), les sciences de la Prophétie ainsi que les préceptes et lois de la Charia étaient écrits dans une série de livres qui étaient transmis par héritage à chacun des Imams après ‘Ali et ils les utilisaient. Ceux-ci ,se référant éventuellement à ces livres dans leurs discours, ont dit : « Cela est ainsi écrit dans le livre de ‘Ali  , ‘Sahifah’, ou ‘Jami’ah’. »

Il y a beaucoup de hadiths à ce propos dont certains sont cités ci-après :

Abû Maryam dit : L’Imam Mohammad Baqir (p) a dit: «Le livre de Jami'ah est avec nous. C’est un manuscrit qui mesure soixante-dix dhira’.[36] Tout y est enregistré même le prix du sang (diyah) pour une égratignure sur la peau. Ce manuscrit a été dicté par le Messager (P) et écrit à la main par l’Imam ‘Ali (p). Nous avons aussi un autre livre qui s’appelle « Jafr » écrit sur un morceau de peau tannée. Les sciences du passé, du présent et de l’avenir jusqu’à l’Au-delà ont été enregistrées dans ce livre. »[37]

‘Abdullah ibn Sanân a rapporté que l'Imam Sâdiq  (p) a dit : « Il y a un morceau de peau tannée de soixante-dix dhira' avec nous, dont le contenu est dicté par le Prophète Muhammad (P) et écrit par l'Imam ‘Ali (p). Tout ce dont le peuple a besoin y est noté, voire le prix du sang pour une égratignure sur la peau du corps. »[38]

Mu'alli ibn Khanis a rapporté de l'Imam Sâdiq  (p) qui a dit : « Les livres étaient avec ‘Ali (p). Quand il s'est rendu en Iraq, il les a confiés à Ummi Salamah. Après sa mort, ils ont été donnés à l'Imam Hassan (p). Après celui-ci, ils ont été donnés à l'Imam Hussein (p) et après son martyre à ‘Ali ibn al- Hussein (p), quatrième Imam infaillible ; Après sa mort, ils étaient avec mon père. »[39]

Jâbir ibn Hayyan dit que l'Imam Muhammad Baqir (p) lui a dit : « Ô Jâbir! Par Dieu! Si nous disions des hadiths de notre propre opinion, nous étions certainement péris. Au contraire, nous disons des hadiths de ce que nous avons hérité du Messager de Dieu (P). Tout comme le peuple qui épargne l'or et l'argent, nos pères ont sauvé des hadiths afin de  nous les léguer. »[40]

Ibn Hayyan considère Ja'far Ibn Muhammad, Imam Sâdiq  (p), comme un narrateur fiable, en disant: «Il est parmi les nobles Gens de la Demeure prophétique concernant la jurisprudence, les connaissances et les vertus; ses hadiths sont authentiques et fiables.

J’ai examiné les hadiths que j’ai rapportés de lui, et ils étaient tous vrais. Je n’ai trouvé rien qui oppose ces hadiths dignes de foi. »[41]
Résumé et conclusion

Desdits hadiths et d’autres semblables se découlent quelques points d’importance :

1.      L'Islam a été complété au cours de la vie du Prophète Muhammad (P) et tous enseignements, sciences, connaissances et règles ont été reçus par la Révélation.

2.      Le Messager de Dieu (P) a tenté de faire connaître et transmettre les commandements  divins de deux manières : premièrement, en les confiant au peuple et les recommandant de les maintenir et de les suivre, et deuxièmement, en gardant tous les commandements dans un endroit sûr complètement à l'abri de l'oubli et des erreurs, à savoir, dans le cœur lumineux de l'Imam ‘Ali (p).

3.      Le Prophète Muhammad (P) a recommandé à l'Imam ‘Ali (p) d'enregistrer et de rédiger les hadiths et de les laisser pour les Imams suivants (p).

4.      Par conséquent, certains livres ont été compilés par l'Imam ‘Ali (p) qui les a utilisés après la disparition du Prophète Muhammad (P). Après la mort en martyre de l'Imam ‘Ali (p), les livres ont été donnés à l'Imam Hassan (p) et après lui a l’Imam Hussein (p) et à d'autres Imams infaillibles (p) successivement.
La référence aux livres

Les livres mentionnés étaient avec les Imams infaillibles (p) et ils y attribuaient leurs connaissances. Chacun des Imams (p) transmettait les sciences et commandements religieux à son successeur de deux manières : par la formation verbale et par la livraison des livres aux Imams suivants pour leur permettre de raconter d'eux. Chaque Imam attribuait ses hadiths par ses pères au noble Prophète (P), comme on le voit dans des hadiths.

Hisham ibn Salim, Hamad ibn ‘Uthman, et d'autres personnes citent l'Imam Sâdiq  (p) qui a dit : « Mon hadith est celui de mon père et le sien est celui de mon grand-père. Le hadith de mon grand-père est celui de l'Imam Hussein (p) et le sien est celui de l'Imam Hassan (p), dont le hadith est celui de l’Emir des croyants ‘Ali (p) et son hadith est la parole de Dieu, qu’Il soit honoré et glorifié. »[42]

Jâbir dit: «J'ai dit à l'Imam Baqir (p) : ‘Quand vous me récitez un hadith, indiquez-moi son document s’il vous plaît.’ L’Imam Baqir (p) a dit: ‘Mon père a raconté les hadiths de mon ancêtre, l’Envoyé de Dieu (P), et celui-ci de Gabriel et celui-ci de Dieu Tout-Puissant. Chaque hadith que je récite pour toi a le même document. Ô Jâbir! Si tu apprends un hadith d'un narrateur véridique, il te sera meilleur que le monde entier.’ »[43]

Hafs dit: «J'ai dit à l'Imam Sâdiq  (p) : ‘J'ai entendu un hadith mais je ne suis pas sûr si c’est le vôtre et celui de votre père.’ Il a dit : ‘Ce que tu entends de moi, tu peux le raconter de mon père et du Messager de Dieu (P).’ »[44]

D’après ce qui précède, nous pouvons dire que l’une des sources importantes des connaissances des Imams, ce sont les hadiths dictés par l’Envoyé de Dieu (P) et écrits par la main de l’Imam ‘Ali (p), qui ont été transmis aux Imams infaillibles. En conséquence, bien que les Imams (p) aient été privés de la Révélation directe, ils bénéficiaient des sciences de la Révélation indirectement. Chaque Imam (p) utilisait la source directe de la Révélation grâce aux documents authentiques dont tous les narrateurs étaient tous infaillibles. Quel honneur!
Le contenu des livres 

Malheureusement, nous n’avons pas le texte de ces livres et leur contenu ne nous est pas complètement connu. Nous ne savons pas s'ils ne contenaient que des questions et commandements relatifs à la jurisprudence ou d'autres sciences liées à la religion telles que l'éthique et les enseignements intellectuels, ou qu'ils contenaient toutes les sciences. Nous ne savons pas non plus s’ils contenaient toutes les dérivations de la jurisprudence en détail ou certaines de ces dernières sous forme de règles générales dont les Imams infaillibles (p) déduisaient les dérivations. Certains hadiths impliquent que toutes les questions nécessaires aux musulmans existaient dans ces livres.

Muhammad ibn Mûslîm dit: «J'ai demandé à l'Imam Sâdiq  (p), ‘Est-ce que votre patrimoine scientifique du Prophète (P) comprennent les principes fondamentaux ou l'exégèse de tous les sujets dont le peuple a besoin, comme le divorce et l'héritage?’ L’Imam Sâdiq  (p) a répondu: ‘L’Imam ‘Ali (p) a rédigé dans ce livre toutes les questions scientifiques, même celles sur le divorce et l'héritage. Lorsque notre Imamat et tutelle de la communauté musulmane sont acceptées, nous aurons une tradition dans tous les domaines, qui sera exécutée.’ »[45]

Les hadiths similaires à ceux mentionnés ci-dessus montrent que tout, même la compensation (arch) pour une égratignure sur la peau du corps est enregistrée dans ces livres.

Néanmoins, il est peu probable que les livres mentionnés comprennent également tous les problèmes mineurs dans tous les sujets de la jurisprudence.  Tout le monde qui connaît le vaste domaine de la jurisprudence islamique confirmera que l'inclusion de toutes les questions liées à cette dernière dans un seul livre, même s'il est de soixante-dix dhira’ est impossible, surtout s'il contient aussi d'autres sciences liées à la religion. En somme, le contenu exact de ces livres ne nous est pas connu.
2. Le Coran

Le Coran est la deuxième source des sciences des Imams infaillibles. Ce Livre céleste est la principale source la plus valable des sciences, des enseignements, des commandements et des règles de l’Islam. L’authenticité du Coran est sûre, parce que des narrations successives et le consensus des musulmans à travers l'histoire prouvent que le texte actuel du Coran a été révélé par Dieu Tout-Puissant au coeur lumineux du Prophète Muhammad (P). Celui-ci récitait ce Livre – avec son contenu riche – et l’Imam ‘Ali (p) et d'autres scribes de la Révélation les transmettaient aux musulmans de cette époque-là et, enfin, à ceux de notre temps. Le saint Coran a un contenu très riche dans la mesure où tout ce dont l'être humain a besoin pour son salut dans ce monde et dans l'Au-delà – la nécessité de l'envoi des prophètes (P) par  le Dieu Sage et Généreux – existe dans le Livre. Les sciences et connaissances rappelées de par les grâces divines et mentionnées le cas échéant dans le Coran sont : Les principes généraux relatifs au Créateur, l’unicité de Dieu (tawhîd), les attributs exprimant Ses Grâce (jamâl) et Grandeur (jalâl) et certains de Ses bienfaits, la vie après la mort et le Retour à l’Au-delà (ma’âd), la reddition des comptes (hisâb) des actes humains dans l’Au-delà, le Paradis et les récompenses de bonnes œuvres, l’Enfer et le châtiment de mauvaises œuvres, le Prophète Muhammad (P) et d'autres prophètes (P) et leur rôle dans l'orientation de l'humanité à travers l'histoire, la bonne conduite et son rôle dans le salut des hommes dans ce monde et dans l’Autre, le mauvais comportement et ses méfaits dans ce monde et dans l’Autre, les devoirs des serviteurs du Créateur, et les méthodes de L’adorer et de Le remercier. L’homme a besoin de connaître ces choses dont l’ignorance lui causera beaucoup de dommages irréparables. Donc, le bon sens implique que le Créateur généreux de l’homme ne le laisse jamais dans l’égarement et l’ignorance, et qu’Il envoie des prophètes dotés de toutes sciences et connaissances nécessaires afin de guider le peuple.

Le Prophète de l’Islam (P) était envoyé en mission pour la même raison, et sa mission prophétique est la même qui est indiquée dans le noble Coran. Etant donné qu’il était le Sceau des Prophètes et non suivi d’aucun autre prophète après lui, aucun autre Livre ne sera descendu ; et vu que la raison et la compréhension de l’homme ont été tout le temps en évolution, que chaque jour est une nouvelle découverte pour l’être humain évoluant la vie de ce dernier, les sciences et connaissances du noble Coran doivent donc être compréhensives et complètes de façon à pouvoir répondre aux besoins religieux de l’homme au fil de l’histoire, partout et toujours, et dans toutes les différentes circonstances. Et ainsi le Coran se présente-t-il :

وَنَزَّلْنا عَلَیْکَ الکِتابَ تِبْیاناً لِکُلِّ شَى‏‌ءٍ وَهُدىً وَرَحْمَةً وَبُشْرى‏‌ لِلْمُسْلِمِینَ

« Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux Musulmans.»[46]

En d’autres termes, toutes les sciences et connaissances liées à la religion dont l’homme a besoin sont présentes dans le Coran.

Il convient de garder à l'esprit, cependant, que malgré ce fait que le Coran est un Livre guide explicatif duquel peut bénéficier chaque être humain autant que sa compréhension, il a aussi une grande profondeur intérieure, ce qui n'est pas à la porté de tous. Les   différentes personnes ont de différentes interprétations de la signification intérieure du Coran, ce qui a conduit à l’apparition des exégèses coraniques. Les versets coraniques ne sont pas identiques : il y en a qui sont « solides  et ambigus », « abrogateurs et abrogés »: “généraux et spécifiques », ou « absolus et conditionnés ». Les exégètes sont les connaisseurs du Coran qui, par la comparaison des versets coraniques, la réflexion, et l’utilisation des sciences concernées par le Coran, peuvent renvoyer les versets « ambigus » à ceux « solides », et trouver ainsi la vérité. L’exégète parfait est une personne qui maîtrise parfaitement la langue et littérature arabe et ses subtilités, qui connaît la théologie, la philosophie et d’autres sciences concernées, et qui a une connaissance parfaite de l’ensemble des versets du Coran et des hadiths du Prophète (P). Malgré cela, tous les exégètes n’ont pas de connaissances égales dans ces domaines, et chacun d’entre eux bénéficie des significations profondes de ce Livre céleste dans la mesure de ses capacités innées, sa compréhension, et sa curiosité.

Le noble Prophète de l’Islam (P) était lui-même un exégète éminent et notable. En plus de pouvoir discerner complètement les versets « solides  et ambigus », « abrogateurs et abrogés »: “généraux et spécifiques », ou « absolus et conditionnés », la raison de la révélation de versets, et des points subtile et littéraire de ce Livre céleste, il connaissait aussi parfaitement, et le plus important encore, l’interprétation et la source des versets coraniques. Il était aussi un homme de sciences coraniques solides. Il était particulièrement différent d’autres commentateurs au sujet de la compréhension des concepts coraniques : les commentateurs arrivent aux significations des sciences et connaissances coraniques de par leur sens apparent et caché sans avoir une connaissance directe des vérités objectives ; alors que le saint Prophète (P), à savoir le premier destinataire du Coran lors de la Révélation, pouvait voir les vérités et indications objectives de ces versets par une vue intérieure, ce qui contribuait aussi à ses concepts mentaux. Ce moyen de compréhension inédit a toujours été une aide puissante pour lui. Le secret de son infaillibilité est également ancré dans cet important privilège.

En conséquence, la compréhension par le Prophète Muhammad (P) de la théologie, du théisme, ou des attributs de Dieu est différente et beaucoup plus profonde que notre compréhension de ces thèmes ; car sa connaissance est intuitive alors que la nôtre est acquise. S’il nous enseignait la vie après la mort, le Retour à l’Au-delà, le Paradis et l’Enfer, c’est parce qu’il observait leur place réelle avec sa vue intérieure, sa compréhension mentale résultant des réalités objectives.

La façon dont le Prophète (P) voyait et comprenait les biens et les maux, les licites et les illicites, les commandements et lois de la Charia, était différente de la nôtre : lors de la Révélation, il voyait par sa vue intérieure et dans leur propre place les opportunités et les interdictions des prescriptions et lois de la Charia, leur source et racine, étant le droit chemin de l’humanité et la voie qui menait à la félicité mondaine et future des hommes. Par ailleurs, il était directement témoin de la bonté de bonnes actions et de la méchanceté d’actes répréhensibles.

Par ce qui a été dit sur les sciences du Prophète Muhammad (P), nous pouvons dire à propos de la délivrance de certains commandements, qui ne sont pas mentionnés comme révélés : La révélation générale et la révision ou la légalisation ont été autorisées.
La transmission des sciences coraniques aux Imams infaillibles (p)

Lors de la révélation des versets coraniques, le noble Prophète de l’Islam (P) essayait de transmettre à l’Imam ‘Ali (p) les sciences et connaissances coraniques, et la science de l’interprétation et l’exégèse des versets coraniques pour qu’elles restent pour les générations futures. L’Imam ‘Ali (p) les enregistrait de manière exacte. C’est ainsi qu’elles étaient transmises à d’autres Imams infaillibles. Nous pouvons donc dire que ceux-ci ont la capacité d’interpréter les versets et les vérités coraniques et les considérer comme des hommes enracinés dans la science. Il en va de même avec le noble Prophète (P), avec cette différence importante que celui-ci recevait la Révélation de manière directe faisant ainsi connaissance de l’interprétation des versets et des sources des sciences ; les Imams infaillibles (p) n’étaient pas ainsi et ils acquéraient les sciences grâce aux directions du Prophète Muhammad (P) et l’attention particulière de Dieu, c’est une nécessité essentielle pour être un Imam.

D’après ce qui précède, le noble Coran est une source majeure des sciences des Imams infaillibles (p) et ceux-ci sont connaisseurs des sciences et des interprétations coraniques, comme il est mentionné dans de nombreux hadiths :

Abû Sabah dit: «Par Dieu ! L'Imam Baqir (p) a dit : ‘Dieu Tout-Puissant a enseigné les sciences coraniques et l'exégèse du Coran à Son Prophète (P). Celui-ci les a appris à ‘Ali (p). Par Dieu ! ‘Ali (p) nous les a appris.’ »[47]

L’Imam Sâdiq  (p)  a dit : « Je connais parfaitement le Livre de Dieu du début à la fin. Il contient les nouvelles du ciel et de la terre du passé à l'avenir. Dieu Tout-Puissant a dit: ‘Tout est mentionné dans le Coran.’ »[48]

Barid ibn Mu'awiyyah a rapporté l’Imam Sâdiq  (p) ou l’Imam Baqir (p) qui ont dit à propos ce verset coranique :

وَما یَعْلَمُ تَأْوِیلَهُ إِلّا اللَّهُ وَالرّاسِخُونَ فِى‏‌ العِلْمِ

« … et nul n’en connaît l’interprétation, à part Dieu, et ceux qui sont bien enracinés dans la science. »[49]

« L’Envoyé de Dieu (P) était le meilleur des hommes enracinés dans la science. Dieu, exalté soit-Il, enseignait la « descente » et l’interprétation de tout ce qu’Il révélait à d’autres Prophètes, sans oublier le moindre détail dans ce domaine. Après le Prophète (P), ses héritiers spirituels (les Imams infaillibles) aussi savent tout cela. Ceux qui ne savent pas l’interprétation du Coran disent qu'ils croient en ce que Dieu a fait descendre quand ils l'entendent d'un savant (l’héritier spirituel du Prophète). Le Coran a des versets qui sont « spécifiques ou généraux »: “ambigus ou solides », et « abrogateurs ou abrogés », lesquels sont connus des hommes enracinés dans la science. »[50]

‘Abdur Rahman ibn Kathir a cité l'Imam Sâdiq  (p) qui a dit : « Les hommes enracinés dans la science sont l’Emir des Croyants (p) et les Imams (p) après lui ».[51]

Lesdits hadiths et bien d’autres nous montrent que les Imams infaillibles (p) aussi savaient l’interprétation, les sources des sciences et connaissances du Coran, les avantages réels et les raisons de la délivrance des préceptes et lois de la Charia ; la différence, bien sûr, était que le Prophète (P) recevait directement la Révélation, tandis que les saints Imams (p) la recevaient indirectement. Par conséquent, ce qui a été mentionné au sujet des commandements émis par le Prophète (P) est aussi vrai au sujet des commandements émis par les Imams (p), qui ne sont pas apparents dans le saint Coran et les hadiths du Prophète (P). En d'autres termes, ils étaient autorisés de « clarifier les causes » et de montrer la voie par la Charia. Et Dieu sait mieux.
Les Imams et les sciences rationnelles

L’homme est sage. Il utilise sa pensée, réflexion, et syllogisme démonstratif pour discerner certaines inconnues de ses connaissances générale et absolue et en tirer une conclusion ; par exemple, l’homme comprend la cause et l’effet et il sait que chaque effet a en soi une cause, donc, en face d’un phénomène, il est sûr que ce dernier a une cause qu’il cherchera à découvrir. C’est l’un des privilèges de l’homme. C’est ce qu’on appelle l’intelligence spéculative. Le même raisonnement rationnel est utilisé pour prouver les doctrines telle que théologie, Retour (à l’Au-delà) et Prophétie. Tous les hommes disposent plus ou moins de ce grand don divin, mais leurs niveaux intellectuels sont très différents. Les prophètes (P) et les Imams infaillibles (p) ont été les plus sages des gens de leur âge.

Le Messager de l'Islam (P) dit : « Dieu Tout-Puissant n'a envoyé aucun prophète ou messager que lorsque sa sagesse était parfaite et supérieure à celle de son peuple. »[52]

Le noble Messager de l’Islam (P) utilisait son intelligence intégrale pour comprendre les doctrines de l’Islam, à savoir la Théologie, le Retour (à l’Au-delà), et la Prophétie  ainsi que le besoin de l’homme de l’envoie des prophètes par le Dieu Très-Haut ; il croyait à ces vérités par la réflexion et la pensée rationnelle. Nous pouvons donc dire : Le plus noble Prophète de l’Islam (P) croyait en doctrines islamiques même avant son envoi en mission, et il était à l’abri de la mécréance (kufr) et du polythéisme (chirk). Il est à noter que la foi rationnelle n’arrive pas, en règle générale, au-delà de la conception et de la connaissance que l’on peut acquérir, même si elle atteint la certitude.

Toutefois, après son envoi  en mission et la relation directe avec le Monde Invisible (ghayb) et la réception de la Révélation, la science acquise du Prophète (P) sur l’Origine et le Retour a dépassé le niveau de la conception arrivant au niveau de l’intuition (chuhûd) et la présence du cœur. Dans ce niveau, il observait les faits qui ne pouvaient être compris par la connaissance conceptuelle. La science intuitive et les perceptions célestes du Prophète (P) peuvent être présentées comme la base de ses connaissances rationnelles. La foi et les sciences révélées présentent des caractéristiques qui se trouvent moins dans les sciences rationnelles. Les Imams infaillibles (p) aussi, comme en témoignent l’histoire et les hadiths qu’ils nous ont légués, étaient les plus sages de leur temps. Ils se servaient donc de leur intelligence intégrale pour ce qui est des sciences relatives à la Création et au Retour à l’Au-delà. Ils étaient également à l’abri de la mécréance et du polythéisme même avant d'être nommés à l'Imamat. Ces gens élus (les Imams infaillibles) ne recevaient pas directement la Révélation, mais ils bénéficiaient indirectement des sciences révélées au Prophète (P) grâce aux bénédictions de Dieu et les orientations du plus noble Prophète (P). Donc, leur science sur la Création et le Retour était au-delà des sciences conceptuelles, et ils avaient atteint le niveau de la certitude et de l’intuition. Parfois, ils parlaient des vérités relatives à la Création et au Retour à l’Au-delà comme s’ils les voyaient directement. 

Vous pouvez en trouver quelques exemples dans leurs livres de hadiths, leur biographie et dans l’histoire.

A propos des sciences des Imams, l’Emir des Croyants (p) dit : «La science les a poussés à plus de perspicacité, ils ont œuvré dans un esprit de certitude, ont trouvé aisée la voie qui paraissait difficile à ceux qui vivent dans la mollesse, se sont habitués à ce que les ignorants trouvent morose, et ont été en contact dans le monde avec des corps dont l’âme était montée aux cieux. Ils sont les califes de Dieu sur Sa Terre et invitants à Sa religion. Ah ! Comme je brûle de les voir ! »[53]

L’Emir des Croyants (p) dit également à propos des sciences des Imams : « Ils sont la vie de la connaissance et la mort de l’ignorance. Leur patience parle de leur savoir. Leurs qualités apparentes dénotent leurs fors intérieurs. Leur silence révèle la puissance de leurs paroles. Ils ne s’opposent pas à la vérité et n’ont aucun différend à ce sujet. Ils sont les piliers de l’Islam et les abris du peuple. Par eux la vérité retrouve sa dignité, l’erreur s’éloigne de sa position antérieure, coupée de ses racines.

En plus de l'entendre et de la raconter aux autres, ils réfléchissent sur ​​ la religion et l’utilisent comme il faut. En fait, les narrateurs de la science sont nombreux, mais ses gardiens sont rares »[54]

Les saints Imams (p) comme le Prophète (P) employaient une méthode rationnelle et des preuves lors de l’invitation aux doctrines islamiques, comme il se voit dans leurs hadiths, controverses et argumentations. Enfin, ils parlaient à chacun dans la mesure de ses sagesse et compréhension. Certaines de leurs paroles sont si profondes et compliquées qui ne sont compréhensibles que pour les savants. Néanmoins, ils parlaient parfois avec les gens ordinaires dans un langage si simple. Ces différentes façons de parler se trouvent dans les sermons de la Voie de l’Eloquence (Nahjul Balaghah) et les différents hadiths des Imams infaillibles.

Par conséquence, la sagesse de l’Infaillible peut être considérée comme l’une des sources de connaissances du Prophète et des Imams, et leur logique et raisonnement rationnel comme l’une des méthodes qu’ils utilisaient pour propager l’Islam. Ils étaient certes à l’abri de l’erreur dans l’application de ces méthodes.
Le rôle de la raison dans la connaissance de l’éthique

Il y a une force au for intérieur de l’homme qui peut, si bien utilisée, l’aider à connaître la bonne éthique et à la suivre dans l'intérêt de la société et la perfection de son âme. Il connaît aussi les mauvais traits de caractère et les considère au détriment de sa vie dans ce monde et dans l’Autre ainsi que dans la société ; il juge donc nécessaire de s’en abstenir. Cette précieuse force s’appelle la raison pratique ou la conscience morale. Le noble Coran considère cette connaissance comme une chose innée et stable qui accompagne l’homme depuis sa création.

Le Coran dit :

وَنَفْسٍ وَما سَوّاها* فَأَلْهَمَها فُجُورَها وَتَقْواها* قَدْ أَفْلَحَ مَنْ زَکّاها* وَقَدْ خابَ مَنْ دَسّاها

« Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt. »[55]

Cette force inestimable existe plus ou moins dans tous les humains et peut être utilisée dans des conditions normales, à condition que la lumière de la raison ne s’est pas éteinte sous l’effet de l’instinct animal. Malheureusement, certains sont si soumis à leur instinct animal, y compris l’égoïsme, l’amour des grandeurs et des rangs, l’avidité et l’avarice, la concupiscence et la colère, la malice et la vengeance, qu’ils oublient leur humanité et deviennent comme un animal prédateur et capricieux ; par conséquent, la lumière de leur instinct pur est obscurci et ils ne peuvent pas reconnaître les vertus et les vices; parfois, ils considèrent les vices comme des vertus. C'est pourquoi l'être humain a toujours besoin de l'orientation des personnes infaillibles « choisies » pour égayer sa nature et l'aider à particulariser les vertus et les vices.

Ces personnes choisies sont les prophètes (P) et les Imams infaillibles (p). Puisque les Imams infaillibles (p) ont la mentalité parfaite et sont à l'écart de péchés et d’actes répréhensibles, ils reconnaissaient donc complètement les valeurs éthiques et leurs conséquences dans ce monde et dans l'Au-delà. Ils suivaient ces valeurs et y invitaient aussi d’autres personnes. Ils connaissaient également les anti-valeurs et les traits vilains et observaient par leur œil intérieur leurs mauvaises conséquences dans ce monde et dans la Vie future. Ils s’en abstenaient et interdisaient d’autres personnes de les commettre. La raison pratique ou la conscience morale peuvent donc être considérées comme l’une des sources des sciences morales des Imams (p) qu’ils utilisaient, en plus des versets coraniques et des hadiths du Prophète (P), afin de présenter la bonne éthique et les mauvais traits de caractère. Des milliers de hadiths sur l’éthique enregistrés dans des livres de hadiths peuvent être enracinés dans cette riche source de sciences des Infaillibles.
Le Prophète (P) et les commandements tutélaires

Les commandements donnés par le Prophète (P) peuvent être divisés en deux types : ceux religieux et ceux tutélaires (wilâyî) Les commandements religieux sont ceux délivrés directement par Dieu Très-Haut et révélés au Prophète (P). Celui-ci a été ordonné de les transmettre au peuple. Ces commandements forment la religion de l'Islam et personne sauf Dieu n’a le droit de les délivrer. Ces commandements sont soit mentionnés dans le saint Coran soit révélés au Messager de Dieu (P) en différentes occasions et présentés ensuite à la population.

Les commandements tutélaires, cependant, sont ceux qui ne sont pas directement émis par le Dieu Tout-Puissant. Plutôt, le Prophète Muhammad (P) –tuteur et chef de gouvernement islamique – était autorisé à délivrer et exécuter les commandements nécessaires à la gestion des affaires sociales de la communauté, y compris la définition de l’impôt pour assurer les coûts du gouvernement islamique, l'émission de l'ordre du djihad (la guerre sainte), de la défense, ou de la paix, les relations avec d’autres gouvernements islamiques ou non islamiques, les commandements judiciaires, les limites de la propriété personnelle et publique, l'expropriation ou la limitation de la propriété personnelle, dans certains cas, et la délivrance des commandements nécessaires dans les différents domaines du gouvernement islamique. Compte tenu de l’autorité confiée au plus noble Messager (P) pour diriger le gouvernement islamique, il était aussi donné une vaste gamme de pouvoirs.

Le Coran dit :

النَّبِىُّ أَوْلى‏‌ بِالمُؤْمِنِینَ مِنْ أَنْفُسِهِمْ

« Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes; »[56]

Ce qui a été mentionné ci-dessus était sur le commandements liés au gouvernement.

Selon certains hadiths, le Prophète (P) était aussi autorisé à ordonner des commandements au sujet des questions religieuses dérivées même sur les cultes, et à les présenter au peuple.

Abû Basîr dit: «J'ai demandé à l'Imam Sâdiq  (p) à propos du verset coranique ci-dessous :

أَطِیعُوا اللَّهَ وَأَطیعُوا الرَّسُولَ وَأُولِى‏‌ الأمْرِ مِنْکُمْ

« Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. »[57]

Il a répondu : « Ce verset a été révélé à propos de ‘Ali ibn Abî Tâlib (p), l’Imam Hassan (p), et l'Imam Hussein (p). » J’ai dit : « Le peuple se demande pourquoi le Coran n’a pas mentionné le nom de l’Imam ‘Ali et les Gens de la Demeure prophétique? » L’Imam (p) a dit : « Dis-leur qu’il en va aussi avec la prière (salât) qui est mentionnée dans le Coran tandis qu’il n’a pas été précisé qu’il s’agit d’une prière de trois ou quatre unités (unitét) ; l’Envoyé de Dieu (P) l’a définie ; l’aumône rituelle (zakât) est mentionnée dans le Coran, mais sa quantité, par exemple, un dirham dans les quarante dirhams qui doit être payé, a été fixée par l’Envoyé de Dieu (P). La question du pèlerinage (hajj) a été indiquée dans le Coran, mais celui-ci ne parle pas de l’obligation de tourner rituellement (tawâf) sept fois autour de la Ka’ba, ce qui a été dit par l’Envoyé de Dieu (P). Le verset ci-dessus était révélé à propos de l’Imam ‘Ali (p), l’Imam Hassan (p)  et l’Imam Hussein (p). L’Envoyé de Dieu (P) a dit (dans le pèlerinage d’adieu – hajjatul wida’) à propos de l’Imam ‘Ali (p) :

« De qui je suis maître (mowlâ), ‘Ali est donc son maître (mowlâ).»[58]

D’après ces hadiths, nous pouvons dire : les commandements tutélaires ne se limitent pas à ceux gouvernementaux et comprennent aussi ceux obligatoires. Tous les commandements émis par le Prophète de l’Islam (P) sont ainsi, sauf s'ils sont mentionnés dans le saint Coran, et si le Prophète (P) les a annoncés comme révélés. Quoi qu'il en soit, si ces commandements ont été rapportés par des sources authentiques, ils seront donc religieusement valables et devront être suivis par les musulmans : suivant les textes du noble Coran, suivre ce qui a été commandé par le Prophète (P) et s’abstenir de ce qu’il a interdit sont obligatoires pour les croyants.

Le Coran dit :

یا أیها الذین امنوا أطیعوا الله وأطیعوا الرسول وأولی الأمر منکم

«  Ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement.»[59]

Il à noter que les commandements tutélaires de l’Envoyé de Dieu (P) n’ont jamais été délivrés suivant les désirs sensuels ou sans aucun critère : mais sachant les intérêts réels des musulmans, grâce à la Révélation, et étant à l’abri de toute faute ou de tout acte répréhensible, le Prophète (P) a émis ces commandements nécessaires pour maintenir lesdits intérêts. Le Coran dit :

ما ضَلَّ صاحِبُکُمْ وَما غَوى‏‌* وَما یَنْطِقُ عَنِ الهَوى‏‌* إِنْ هُوَ إِلّا وَحْىٌ یُوحى‏‌* عَلَّمَهُ شَدِیدُ القُوى‏‌

« Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur ; et il ne prononce rien sous l’effet de la passion; ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée. Que lui a enseigné [l’Ange Gabriel] à la force prodigieuse,… »[60]

Par conséquent, la conscience intuitive des intérêts et des inconvénients réel et général peut être considérée comme une source de sciences du Prophète (P).

Fudayl ibn Yasâr: J'ai entendu l'Imam Sâdiq  (p) qui a dit : « Dieu Tout-Puissant a formé Son Prophète de la meilleure méthode. Quand son apprentissage est terminé, Dieu lui a dit :

وَ إِنَّک لَعَلى‏‌ خُلُقٍ عَظِیمٍ

« Et tu es certes d’une moralité éminente.»[61]

Puis, Il lui a confié le commandement de la religion et de la communauté musulmane pour guider le peuple. Dieu a dit alors à ce dernier :

وَما آتاکُمُ الرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَما نَهاکُمْ عَنْهُ فَانْتَهُوا

« Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en; »[62]

Le Messager de Dieu (P) a été soutenu par l’archange Gabriel (Ruhul Qudus). Il était exempt de faute dans la gestion des problèmes du peuple et observait les règles divines. Ensuite, Dieu a défini les unités (unitét) de la Prière deux par deux jusqu'à dix unités par jour. Le Messager de Dieu (P) a ajouté deux autres unités pour toutes les Prières de deux unités et une unité à la Prière du couchant (maghrib). Ce qui a été ajouté par le Prophète (P) a été inclus dans les Prières obligatoires (wâdjib), dont l’abandon n'est autorisé sauf en voyage. Une unité ajoutée à la Prière du soir ne doit pas être laissée même lorsqu’on est en voyage. Dieu, exalté soit-Il, a confirmé ces modifications, par conséquent, les Prières obligatoires sont devenues dix-sept unités.

Ensuite , le Messager de Dieu (P) a fixé les Prières recommandées (nawâfil) à 34 unités, soit deux fois l'unité des Prières obligatoires, ce qui a été aussi accepté par Dieu. De cette façon, le nombre des unités des Prières obligatoires et recommandées a atteint 51; la Prière recommandée du soir (‘ichâ) est de deux unités qui est dite en position assise et est considérée comme une seule unité. Dieu Tout-Puissant a obligé le jeûne du mois de Ramadan et Son Messager (P) a recommandé le jeûne du mois de Cha'bân et trois jours dans chaque mois , qui ont été confirmés par Dieu. Celui-ci a interdit de boire du vin, mais le Prophète (P) interdit toute boisson enivrante, et cette interdiction a été soutenue par Dieu . L’Envoyé de Dieu (P) a interdit aux musulmans de faire certains actes sous la forme d’une interdiction par la répugnance et non par la prohibition, en offrant aux serviteurs de Dieu une faculté de choisir. Par conséquent, les  serviteurs de Dieu doivent  utiliser cette faculté, mais ils doivent aussi éviter tous les actes interdits. L’Envoyé de Dieu (P) n'a pas permis au peuple l’abstention d’actes obligatoires et l’accomplissement de ceux interdits. Il est donc interdit de boire une boisson enivrante, une prohibition qui comprend tout le monde. L’Envoyé de Dieu (P) n’a pas permis pas au peuple d’abandonner les deux unités qu’il avait ajoutées à toutes les Prières obligatoires, sauf en voyage; donc, elles doivent être accomplies lors de la Prière obligatoire. En conséquence, il faut obéir à Dieu et à Son Envoyé (P) quand ils recommandent ou interdisent un acte ; et les serviteurs (de Dieu) doivent s’y soumettre.[63]

L'Imam Sâdiq  (p) a dit : « Dieu Très-Haut a formé Son Prophète (P) jusqu'à ce qu'il atteigne la perfection. Alors, Il lui a dit: ‘Et tu es certes, d’une moralité éminente’. Ensuite, Il lui a présenté la religion, et dit: ‘Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en;’  Dieu a défini la quote-part des héritiers d’une famille, mais n’ pas fixé aucune quote-part pour l'ancêtre. L’Envoyé de Dieu (P) a donc défini un sixième de la propriété des morts à l'ancêtre et Dieu l'a approuvé’. C'est pourquoi Dieu a dit:

هذا عَطاؤُنا فَامْنُنْ أَوْ أَمْسِکْ بِغَیْرِ حِسابٍ

« Voilà Notre don; distribue-le ou retiens-le sans avoir à en rendre compte. »[64]

L’Imam Baqir (p) a dit: «L’Envoyé de Dieu (P) a défini (religieusement) la compensation pour la perte de l'œil, pour le meurtre, le vin et toute substance enivrante. » Le narrateur a demandé à l'Imam (p) : « Le Prophète (P) a-t-il donné un commandement sans qu’il soit d'abord révélé par Dieu? » L’Imam Baqir (p) a dit: «Oui. C'était pour connaître ceux qui obéissent et ceux qui désobéissent au Prophète (P). »[65]

L'Imam Sâdiq  (p) a dit: «Par Dieu ! Dieu Très-Haut n’a confié la direction de la religion à personne qu’à Son Messager (P) et aux Imams (p). Dieu a dit :

إِنّا أَنْزَلْنا إِلَیْکَ الکِتابَ بِالحَقِّ لِتَحْکُمَ بَیْنَ‏النّاسِ بِما أَراکَ اللَّهُ

« Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens, selon ce qu’Allah t’a appris. »[66]

Et il en va de même avec les successeurs (Imams infaillibles) du Prophète (P).
Les Imams (p) et les commandements tutélaires

L’Imam infaillible est le successeur du Prophète. Il assume toutes ses responsabilités et il a les autorités nécessaires pour ce faire. Le Prophète (P) gouvernait le peuple et, dans la même mesure, il avait droit à délivrer des commandements tutélaires qui lui étaient confiés. L’Imam aussi est un gouvernant et, dans la même mesure, il a droit à émettre ou faire exécuter les commandements nécessaires. Aucun des Imams infaillibles (p), sauf ‘Ali (p), n’était officiellement gouvernant, toutefois, ils étaient gouvernants de par la religion et avaient droit à la tutelle de la communauté islamique.

Bien qu’ils n’étaient pas directement gouvernants, ils avaient droit à émettre des commandements tutélaires. Ceux-ci contiennet surtout les questions dérivées de la religion telles que juridiction, témoignage, peines fixes dictées par le Coran (hudûd), pénalités non déterminées par le Coran (ta’zirât), conditions et attributs du gouvernant et du juge, leurs devoirs et autorités, djihad, défense, préceptes sur le khums (taxe du cinquième du revenu superflu), aumône rituelle (zakât) ; tous ces commandements ont été délivrés par les Imams infaillibles (p) sans qu’ils soient présentés (en détail) dans le Coran et dans les hadiths du Prophète (P). Ces commandements peuvent se considérer comme les commandements tutélaires émis par les Imams infaillibles (p). Les dirigeants et les pouvoirs publics devaient et doivent suivre ces directives. Les musulmans aussi doivent demander leur exécution aux responsables de l’administration du pays. C’est la moindre des choses que les saints Imams (p) pouvaient accomplir pour montrer le vrai visage du gouvernement islamique dans les conditions dures de ce temps-là.

Certains commandements jurisprudentiels ou obligatoires qui nous sont transmis par les saints Imams peuvent aussi se considérer comme tutélaires, lesquels n’ont pas été donnés par le Coran et les hadiths prophétiques. On peut dire : Tout comme le Prophète (P) qui était autorisé à émettre ces commandements de la part de Dieu, les Imams infaillibles (p) étaient aussi autorisés à le faire de la part du Prophète (P). Ces commandements sont enracinés dans leur aspect tutélaire, ce qui est mentionné dans le saint Coran et approuvé par le Prophète (P). Et si ces types de commandements qui nous sont véhiculés ont des documents religieux valables, ils sont religieusement fiables et doivent être respectés.

Il faut dire que les commandements tutélaires des Imams infaillibles (p) n'ont pas été émis sans régulation ou motivés par leurs passions, mais plutôt ils ont été fondés sur des intérêts personnels et sociaux réels des musulmans dans ce monde et dans l'Au-delà. Les Imams (p) recevaient des règlements généraux de délivrance des commandements par le plus noble Prophète (P) et émettaient des commandements nécessaires en fonction du temps et du lieu en vue de les transmettre au peuple. Ils bénéficiaient de l'appui divin et de leur infaillibilité, comme une forte aide, et ils étaient à l’abri de défauts et d’actes répréhensibles.
L’infaillibilité de l’Imam et ses limites

L’un des traits dominants de l’Imam est son infaillibilité qui signifie être en sécurité.

L’infaillible est une personne qui est complètement à l’abri des erreurs, des péchés et de l’oubli. Tout comme le Prophète qui doit être infaillible, l'Imam aussi doit être infaillible, car il est le successeur du Prophète et le continuateur de sa voie.

Si le successeur du Prophète n'est pas infaillible, il n'y aura pas de garantie pour l'exécution des commandements religieux révélés pour guider le peuple, et les bénédictions de Dieu ne seront pas parachevées. Les différentes qualités de l’infaillible sont les suivantes :

1.      Ses opinions ne sont ni fausses ni superstitieuses ;

2.      Il comprend les vérités et les questions religieuses sans aucune erreur ;

3.      Il enregistre et garde les sciences, connaissances, prescriptions et lois religieuses sans aucune faute et sans rien oublier ;

4.      Il transmet au peuple les sciences, connaissances et commandements de la religion sans commettre une erreur ou une faute ;

5.      Il ne commet aucun acte illicite ou irréligieux.
Le secret de l’infaillibilité

L'infaillibilité du Prophète (P) et des Imams (p) ne signifie pas qu'ils n'ont pas les facteurs ou la capacité de commettre des péchés. Cela ne signifie pas non plus que s'ils avaient l'intention de commettre des péchés, Dieu Tout-Puissant, directement ou à travers Ses anges, les en évitait. Au contraire, les Imams infaillibles (p), comme les autres, ne sont pas privés de la concupiscence et de la colère et peuvent faire du mal, toutefois, ils s’abstiennent de commettre de péchés. Le secret de leur infaillibilité est double: d'abord, leur forte croyance en Dieu, à l’Au-delà, à l'Enfer et au Paradis, à la reddition des comptes, aux châtiments et aux récompenses, à l'intuition ésotérique et aux conséquences d'actes répréhensibles. Le secret de leur infaillibilité réside dans cette même intuition ésotérique et exotérique  qui leur a été confiée par le Dieu Tout-Puissant.

Le secret de l'infaillibilité des Imams (p) des défauts et de l'oubli réside aussi dans le type de leurs connaissances. Les connaissances des Imams (p) des faits religieux sont intuitives, qui proviennent de leur essence spirituelle. Ils savent intuitivement le vrai chemin de l'humanité et les sources de commandements religieux et les règles de la Charia et les voient avec leur vue intérieure sans négligence et oubli. De plus, leur structure physique, leur cerveau et leur système nerveux ont été créés par le Dieu Très-Haut d'une manière qu'ils peuvent transmettre au peuple leur connaissance intuitive dans des mots et des phrases. Cela est une autre bénédiction divine, et une autre assistance seigneuriale.
L’infaillibilité dans des hadiths

La principale preuve de l'infaillibilité des Imams (p) est d’ordre rationnel, dont on a parlé précédemment. En outre, les Imams infaillibles (p) ont présenté l'infaillibilité comme une caractéristique brillante d'un Imam dans un grand nombre de hadiths. A titre d'exemple, l'Imam Redhâ (p) a dit: «L'Imam est à l’abri de péchés et de vices. Il possède une connaissance, une sagesse et une patience particulières. Il organise la religion et l'honneur des musulmans, suscite la colère des hypocrites et le périssement des infidèles ».[67]

Imam Redhâ (p) a également dit dans le même hadith : «Quand le Dieu glorifié choisit un serviteur à gérer les autres, Il lui accorde une « poitrine ouverte » pour cette responsabilité, illumine son cœur à la sagesse, et lui inspire sans cesse les sciences nécessaires, de sorte qu'il sera en mesure de répondre à toute question et de dire la vérité. Cette personne sélectionnée sera donc à l’abri de péchés ou de défauts et soutenue par le Tout-Puissant. Dieu lui a donné ces qualifications pour qu’elle soit aussi une preuve pour les autres serviteurs. C'est une bénédiction divine qu’Il accorde à qui Il veut. Et Dieu possède une grâce immense. »[68]

Imam Sâdiq  (p) a décrit l'Imam de cette façon : « L'Imam est un homme choisi de la Lignée du Prophète Muhammad (P) qui est toujours observé et soutenu par Lui. Dieu le garde, écarte de lui les pièges du Satan et ses armées, le protège contre de mauvaises accusations et des calamités. Il est à l’abri de tous les défauts et de tous les actes répréhensibles ».[69]

L’Emir des Croyants (p) a dit: «Le plus haut niveau de la tutelle (wilâyat) de l'Imam dont l'obéissance est obligatoire, c’est qu’il est à l’abri d’une faute, d’un glissement, et d’une infraction intentionnelle. Il ne commet pas non plus de péchés majeurs (kabîrah) ou mineurs (saqîrah) péchés. Il ne commet aucun acte irréligieux et il ne mène jamais une vie de débauche. »[70]

 

[6] . Sourate 28, Al Qasas (Le Récit), verset 41
[7] . Sharh al-Mavaghef, vol. 8, p. 344.
[8] . Cf. “La Prophétie et le Prophète (P) », du même auteur.
[9] . Charhi Tajrid, p. 284
[10] . Kitab al-Kafi, vol. 1, p. 200.
[11] . La sourate al-Nisa (Les femmes), verset 59.
[12] . Kitab al-Kafi, vol. 1, p. 189
[13] . Sourate 10, Yunus (Jonas), verset 35.
[14] . Sourate 2, al-Baqarah (La Vache), verset 269.
[15] . Kitab al-Kafi, vol. 1, p. 202.
[16] . Nahj-ul-Balagah (La voie de l’Eloquence), sermon 173.
[17] . Biharul Anwar (Les Mers des Lumières), vol. 68, p. 389.
[18] . Nahjul Balagah (La voie de l’Eloquence), sermon 147.
[19] . Ibid, sermon 239.
[20] .Sourate 33, al-Ahzab (Les Coalises), verset 40.
[21] . Nahjul Balagah (La voie de l’Eloquence), sermon 133.
[22] . Sourate 5, al-Mai-ida (La table servie), verset 3.
[23] . al-Mizan, vol. 5, p. 214-277.
[24] . La taxe du cinquième du revenue superflu [traducteur].
[25] .Sourate 69, al-Haqqah (Celle qui montre la vérité), verset 12 ; Beharul Anwar, vol. 35, p. 327.
[26] . Behar ul-Anwar, vol. 35, p. 199.
[27] . Kitab al-Kafi, vol. 1, p. 64.
[28] . Al Tabaqat al Kubra, vol. 3, p. 338.
[29] . Ibid, p. 33.
[30] . Dhakha’irul ‘Uqba, p. 78
[31] . Yanabi’ul Mawaddah, p. 82.
[32] . Ibid, p. 81.
[33] . Mustadrak Hakim Nishapuri, Vol 3, p. 122.
[34] . Ibid, p. 80.
[35] . Ibid, p.22.
[36] . Pluriel de Dhar ', une mesure de longueur égale à 104 centimètres.
[37] . Jami’ Ahadith al-Chi’ah, Vol 1, p. 185.
[38] . Ibid, p. 186.
[39] . Ibid, p. 195.
[40] . Ibid, p. 195.
[41] . Ibid, Vol 2, p. 104.
[42] . Kafi, Vol 1, p. 53.
[43] . Jami’ Ahadith al-Shi’ah, Vol 1, p. 181.
[44] . Ibid, p. 181.
[45] . Ibid, p. 192.
[46] . Sourate 16, al-Nahl (La fourmi), verset 89.
[47] . Jami’ Ahadith al-Shi’ah, Vol 1, p. 184.
[48] . Kafi, Vol 1, p. 229.
[49] . Sourate 3, ‘ali ‘imran (La famille de ‘Imran), verset 7.
[50] . Kafi, Vol 1, p. 113.
[51] . Usul Kafi, Vol 1, p. 213.
[52] . Mizanul Hikmah, vol 3, p. 2034.
[53] . Nahjul Balaghah, discours 147.
[54] . Ibid, discours, 239.
[55] . Sourate 91, Ash-Shams (Le Soleil), verset 7-10.
[56] . Sourate 33, Al Ahzab (Les coalisés), verset 6.
[57] . Sourate 4, An-Nisa (Les femmes), verset 59.
[58] . Jami’ Ahadith al-Shi’ah, Vol 1, p. 247.
[59] . Sourate 4, An-Nisa (Les femmes), verset 59.
[60] . Sourate 53, An-Najm (L’étoile), verset 2-5.
[61] . Sourate 63, Al Qalam (La plume), verset 4.
[62] . Sourate 59, Al Hashr (L’exode), verset 7.
[63] . Kafi, Vol 1, p. 266.
[64] . Sourate 38, SAD, verset 39 ; Kafi, Vol 1, p. 267.
[65] . Ibid.
[66] . Sourate 4, An-Nisa (Les femmes), verset 105.
[67] . Usul Kafi, Vol 1, p. 200.
[68] . Ibid, p. 202.
[69] . Ibid, p. 204.
[70] . Biharul Anwar, Vol 68, p. 389.